La dyspraxie développementale, aussi appelée trouble d’acquisition de la coordination, est un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par des difficultés dans la planification et dans la coordination des gestes orientés vers un but. La dyspraxie implique qu’il est difficile pour l’enfant d’intégrer l’information visuo-spatiale avec la séquence motrice.
La dyspraxie amène des retards qui sont plus ou moins sévères dans l’automatisation des gestes. Elle affecte donc les premières expériences sensorimotrices (difficultés de coordination entre les yeux et les mains, retard dans les premiers pas, peu d’exploration de l’environnement), la vie quotidienne (se laver, s’habiller, manger, faire du sport, etc.) et le parcours scolaire.
Les parents peuvent observer chez leurs tout-petits des signes comme une acquisition tardive de la dominance manuelle, des chutes fréquentes, des difficultés de coordination (course, bicyclette), un retard dans l’acquisition des gestes bimanuels, un retard dans l’habillage et une fatigue motrice. Lors du primaire, on peut voir que l’enfant est maladroit et un peu gauche, qu’il trébuche et qu’il a peu d’intérêt pour les casse-têtes, les jeux de construction, le dessin, le bricolage, etc. Sur le plan scolaire, on peut aussi observer les répercussions suivantes : des difficultés à s’orienter dans l’espace, sur une feuille, sur un plan ou sur une carte, des gestes qui manquent de précision, une mauvaise préhension du crayon et des difficultés avec l’aspect spatial des mathématiques (ex. géométrie, organisation sur sa feuille, alignement lors des calculs). Souvent, les habiletés motrices se développent peu spontanément et leur apprentissage est ardu. Lorsque la dyspraxie est diagnostiquée tardivement, la dysgraphie est souvent un des signes d’alerte. La dysgraphie se définit comme étant un trouble de la coordination des mouvements des doigts impliqués dans la production graphique. Cela occasionne des difficultés en écriture et en dessin. Les gestes sont souvent lents, très fatigants pour l’enfant et imprécis, la calligraphie peut même être quasi-illisible.
Chez les enfants dyspraxiques, la répétition de la tâche améliore peu leurs compétences, ce qui fait qu’ils restent « novices » plus longtemps que ce qui est attendu. Les parents et les enseignants observent souvent une variabilité dans leurs performances motrices. Aussi, étant donné que les gestes s’automatisent difficilement, les enfants doivent déployer des efforts considérables et mobiliser toute leur attention sur la production de certains gestes, ce qui fait qu’il leur reste souvent moins d’énergie pour soutenir leur concentration en classe. Toutes les doubles-tâches sont un défi pour eux (ex. écouter l’enseignant tout en prenant des notes inscrites au tableau).
La prévalence de la dyspraxie est estimée à environ 6 % des enfants d’âge scolaire. Elle est plus présente chez les garçons que chez les filles; les garçons en sont donc atteints de deux à quatre fois plus que les filles. Souvent, la dyspraxie est accompagnée de d’autres troubles comme un TDAH ou des troubles des apprentissages (dyslexie visuelle ou dyscalculie).
L’évaluation de la dyspraxie
L’évaluation vise à identifier la nature du trouble d’apprentissage et de différencier ce qui pourrait appartenir à d’autres problématiques (TDAH, troubles des apprentissages, anxiété, etc.). L’évaluation diagnostique permet aussi de mettre en place des mesures d’appui à l’école (ex. soutien lors des tâches de motricité fine, tâches allégées, plus de temps, aide à la prise de notes, etc.), de cibler le type d’intervention à privilégier avec l’enfant (ergothérapie, orthopédagogie dans le cas où il a un impact sur les apprentissages scolaires) et de donner accès à des outils technologiques (ex. ordinateur portable pour réduire l’écriture manuscrite). Avec les mesures d’aide appropriée, l’enfant parviendra à compenser son trouble d’apprentissage et à poursuivre son cheminement scolaire en vivant des succès au quotidien.