Alice Magnin, résidente en psychologie
Ce texte résume une recherche réalisée en 2018-2019 dans le cadre d’une maitrise en psychologie. L’objectif principal était de voir l’influence des stratégies mises en place par les enfants pour faire face à un événement stressant (appelées stratégies de « coping ») sur leur qualité de vie en milieu scolaire.
Pourquoi avoir effectué cette recherche ?
De nos jours, le stress est un facteur au centre de nos quotidiens. Celui-ci est présent dans divers contextes : familial, professionnel ou encore scolaire. Le stress scolaire est le phénomène auquel la recherche s’est intéressée. Ce dernier peut être dû aux relations que les enfants entretiennent avec les enseignants ou avec les autres enfants ; au rapport que les enfants entretiennent avec les évaluations ou encore au sentiment de sécurité que les enfants ont dans leur classe. De plus, certains enfants ne sont pas réellement satisfaits de leur vie à l’école, et se sentent anxieux dans ce milieu. Ces différentes données d’observation du stress scolaire amènent à penser que c’est un phénomène sur lequel il est important de se pencher.
En effet, le stress scolaire est reconnu comme un facteur pouvant être néfaste pour la santé ainsi que pour le développement des enfants. Celui-ci peut impacter le bien-être des enfants. De plus, il est important d’évoquer ce sujet, car le stress ressenti dans les milieux extrafamiliaux, tels que l’école, a été bien moins étudié que le stress ressenti dans les milieux familiaux.
Différents éléments existent quand l’on s’intéresse au stress des enfants : le climat dans la classe, les relations avec les enseignants, ou encore les réactions des enfants dans une situation particulière. Il est intéressant de se pencher sur le dernier élément cité. En effet, il est lien direct avec le stress scolaire. Pour tenter de diminuer leur stress, les enfants ont des réactions qui s’avèrent plus ou moins efficaces. Ces réactions peuvent influencer leur bien-être à l’école. Il est alors primordial d’agir pour que les enfants aient connaissance des techniques bénéfiques à utiliser.
Il est donc nécessaire de se centrer sur l’influence que peuvent avoir les techniques utilisées par les enfants sur leur bien-être. La problématique de la recherche était la suivante : comment la façon de faire face au stress des enfants influence leur bien-être à l’école ?
Quelle est la population participante ?
110 enfants du CE2 au CM2 (de la 3e année à la 5e année pour l’équivalence québécoise) ont participé à l’étude. L’âge moyen des enfants est égal à 9,52 ans. 51,8 % sont des garçons et 41,8 % sont des filles. Les élèves appartiennent à quatre écoles primaires situées dans le sud de la France.
Quels sont les principaux résultats de la recherche ?
Tout d’abord, l’étude a permis de mettre en avant que la qualité de vie des enfants à l’école était très satisfaisante : le score global de qualité de vie, obtenu grâce à questionnaire nommé « Quality of Life School », rempli par les enfants, est égal à 3,42 (les scores pouvant aller de 1 à 4).
En premier lieu, nous souhaitions voir si la classe et le sexe des enfants ont un impact sur la qualité de vie de ces derniers. Aucune différence n’a été relevée en ce qui concerne la qualité de vie des enfants selon le sexe. C’est-à-dire que les filles et les garçons ont une qualité de vie en contexte scolaire similaire. En revanche, le niveau scolaire a un effet sur la qualité de vie des élèves : une différence dans le score de qualité de vie est observée entre les différentes classes.
En second lieu, nous souhaitions voir si les performances scolaires des enfants sont corrélées avec la qualité de vie. Pour cela, des notes ont été attribuées aux enfants par leur professeur concernant leurs performances en français et en mathématiques. Les résultats ont mis en lumière que de bonnes performances scolaires permettaient d’obtenir un niveau de qualité de vie élevé. En effet, les enfants ayant obtenu une note élevée quant à leurs performances académiques ont une qualité de vie supérieure par rapport aux enfants ayant obtenu une note faible.
En troisième lieu, nous souhaitions voir le lien entre la qualité de vie et les stratégies de « coping ». Ce point était au cœur de l’étude. Les stratégies de « coping » correspondent donc aux stratégies que les enfants mettent en place pour faire face à un événement stressant. Les stratégies de « coping » sont regroupées en deux catégories : le « coping » centré sur le problème et le « coping » centré sur l’émotion. Le premier type correspond aux stratégies qui permettent d’agir directement sur le problème afin de diminuer son stress (par exemple, il s’agit d’essayer de résoudre le problème angoissant ou de poser des questions concernant la menace). Le second type correspond aux réactions émotionnelles ou comportementales que l’on met en place afin de diminuer son stress, il s’agit alors d’éviter et de réévaluer la situation pour la rendre plus supportable (par exemple, éviter la situation stressante ou chercher du soutien auprès de ses proches). Ces stratégies ont été relevées grâce à un questionnaire nommé le « KidCope », rempli par les enfants. La recherche met en avant que les enfants utilisent précocement les stratégies centrées sur le problème. Les élèves plus âgés utilisent davantage ce type de stratégie. Nous avons relevé que le fait d’utiliser ce type de stratégie permettait d’obtenir une bonne qualité de vie. Ceci est intéressant à prendre en compte, car ce résultat montre que les enfants détectent rapidement le problème en lien avec un événement stressant et mettent alors en place des stratégies pour agir et ainsi diminuer leur stress. Concernant les stratégies centrées sur l’émotion, aucun effet significatif n’a été relevé sur la qualité de vie. C’est-à-dire que la qualité de vie reste similaire si les enfants utilisent ou non ce type de stratégie.
Quelles conclusions peut-on en tirer ?
Il est essentiel de retenir que la qualité de vie des enfants en contexte scolaire ainsi que le « coping » représentent des enjeux importants. En effet, la qualité de vie est en lien direct avec le stress ressenti par les enfants à l’école. Ces derniers vont alors mettre en place des stratégies de « coping » pour faire face à un événement stressant. Ces stratégies vont influencer leur qualité de vie. La recherche a permis notamment de mettre en lumière le fait que les stratégies de « coping » centrées sur le problème sont utilisées dès l’âge scolaire et s’avèrent efficaces pour obtenir un niveau de qualité de vie satisfaisant. Il est donc pertinent de prendre en compte cela afin de pouvoir documenter les familles et les enseignants à ce sujet et ainsi l’enseigner aux enfants précocement.
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Par Alice Magnin, résidente en psychologie